"Ce blog pour réapprendre aux femmes à aimer vivre avec les hommes, et mieux comprendre le monde francophone contemporain"
Sébastien

"Selon les statistiques, il y a une personne sur cinq qui est déséquilibrée. Si tu es avec quatre personnes, et qu'elles te semblent toutes saines, ce n'est pas bon."
Jean-Claude Van Damme

"Je dédie ce blog à Naples, aux femmes, à la géographie, à la mesure et à l'intelligence."
Guillaume


samedi 29 octobre 2011

Snobs et prolos dans l'espace du flux

On connait par Bourdieu que l'usage de la société est déterminé par le capital économique et culturel de ceux qui la composent. Pour Bourdieu, la maîtrise de sa mobilité est une caractéristique de riche, le tourisme celle des pauvres. A l'age de la globalisation, l'économie se transforme en une maîtrise et une valorisation de la distance qui se traduit par une généralisation de la mobilité interurbaine internationale : plus une ville est reliée à d'autres villes, plus elle est une ville. Contrairement à ce que dit Bourdieu, la mobilité n'est plus l'apanage de la richesse. Super riches et moins riches ont un usage du monde identique en commun, celui du paradigme de la mobilité interurbaine. Le capital culturel devient être" banché" au flux pour les riches et être "connecté" pour les prolo du flux.  

D'ou l’intérêt des listes de villes, des annuaires, ou carnets d'adresses, qui sont des guides indispensables, pour faire la différence entre le plouc connecté, et le passager branché, différence qui se manifeste par la valorisation économique et culturelle de la co-présence en lieu donné (voir ici :http://spqrxx.blogspot.com/2011/09/blaise-cendrars-presente-le-classement.html) pour le branché, et une simple aventure routarde, dans une auberge de jeunesse ou une gare, pour le seulement connecté.

jeudi 27 octobre 2011

I ragazze de la Navy.


Il est un débarquement dont on parle moins que celui qui a eu lieu en Normandie, c'est celui qui l'a précédé dans le sud de l'Italie.
Sicile, Tarento, Rome le 4 juin. Le débarquement normand a lieu le 6.
Après avoir libéré le sud de l'Italie, les GI's l'ont occupée et cette occupation perdure jusqu'à aujourd'hui.
4 bases, rien que dans les environs de Naples, 12 000 militaires, familles y comprises
Un hôpital tout entier réservé seulement aux Américains...
Des généraux, des colonels, des lieutenants, des voitures américaines, le bar de la Navy, le magasin américain à l'intérieur de la base.
Les Pancakes, les oeufs américains blancs comme neige et calibrés au millimètre, le beurre de cacahuètes
Des villes qui s'enfoncent comme Capoue dans ses délices.
Une atmosphère virile ou quelques femmes arrivent à faire leur trou après être allée, elles aussi, pourchasser quelques "terroristes" en Irak.
Des villes qui s'enfoncent comme Capoue dans ses délices.
Des femmes au coeur de feu, celui des mitraillettes...
Une nation qui doit sa grandeur au fait d'avoir compris que nombres de femmes étaient sinon plus utiles, moins nuisibles avec une mitraillette à l'étranger qu'avec un ordinateur au pays entre les doigts.
Mais des femmes qui auraient préférées le Japon et ses sushis à l'atavisme méridional et à sa variante discarica aperta répandue dans le bassin de vie campanien.

Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours confondu cette chanson avec "Mon légionnaire" Piaf, Gainsbourg...
J'ai dû écouter plusieurs fois la chanson pour réaliser, dépité, que ce jeune homme de 18 ans n'était pas le même légionnaire qui sentait bon le sable chaud...

vendredi 7 octobre 2011

Migration du canard - anatra migrazione


L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes. J'écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre coeur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.

L'autunno mi sorprese in mezzo a quelle incertezze: fui come rapito da quei mesi tempestosi.  Ascoltavo i suoi canti melanconici, che mi ricordavano come in ogni paese il canto naturale dell'uomo è triste, anche quando vuole esprimere la felicità. Il nostro cuore è uno strumento imperfetto, una lira dove mancano delle corde, e su cui siamo costretti a rendere l'accento della gioia sulla tonalità consacrata ai sospiri.

Souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur; mais une voix du ciel semblait me dire: "Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue". Levez-vous vite, orages désirés ! Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon coeur.  

Spesso ho seguito con gli occhi gli uccelli di passaggio che volavano sopra la mia testa. Mi immaginavo le rive ignote, i lontani climi verso cui si recavano; avrei voluto stare sulle loro ali. Un istinto segreto mi tormentava, sentivo di non essere io stesso altro che un viaggiatore; ma una voce dal cielo sembrava dirmi: “Uomo, il tuo tempo di migrare non è ancora giunto. “Fate presto ad alzarvi, bramate tempeste !”. Così dicendo, camminavo a grandi passi, il volto in fiamme, con il vento che mi sibilava tra i capelli, senza più sentire né pioggia né inverno, nell'incanto, nel tormento, in preda al demone del mio cuore.  

Ah! si j'avais pu faire partager à une autre les transports que j'éprouvais! O Dieu! si tu m'avais donné une femme selon mes désirs; si, comme à notre premier père, tu m'eusses amené par la main une Eve tirée de moi-même...Hélas! j'étais seul, seul sur la terre! Une langueur secrète s'emparait de mon corps. Ce dégoût de la vie que j'avais ressenti dès mon enfance, revenait avec une force nouvelle. Bientôt mon coeur ne fournit plus d'aliment à ma pensée, et je ne m'apercevais de mon existence que par un profond sentiment d'ennui.

Ah! Se avessi potuto confidare a una donna le emozioni che provavo! O Dio! Se tu mi avessi dato una donna conforme ai miei desideri; se tu mi avessi condotto per mano, come al nostro primo padre, un'Eva tratta da me stesso…Ahimè! Ero solo, solo sulla terra! Un segreto languore s'impossessava del mio corpo. Tornava quel disgusto per la vita che avevo avvertito fin dall'infanzia, ma con nuova forza. Ben presto il cuore smise d'alimentare la ragione, e mi accorgevo di esistere solo dal profondo sentimento di noia che provavo. 



jeudi 6 octobre 2011

Les jeux de la lame et du rasoir


Charlot montre toute sa dextérité au rasoir.


Mais de Funes n'a rien à prouver quant à la maîtrise du compagnon de route des intermittents du spectacle parisiens ou londoniens. Il faut savoir jouer du rasoir quand on est acteur, qu'on habite Pigalle ou Soho. Mais trêve d’obscénité ! C'est tout de même en France qu'on sait le mieux parler d'amour, même si c'est avec une actrice allemande de cinéma pour adulte. Chaplin est gentil, mais il ne sait pas filmer ce genre de faisanderie dans les jardins de l'Alhambra reconstitués à Billancourt.

Si le "parlant" a "tué" Charlot, la France a inventé le cinéma bavard. 


L'intégration italienne en France.

J'y songe devant mon thé. J'ai vu tant d'Italiens faire leur la ville lumière que ce matin, à la veille de franchir les Alpes, j'ai un drôle de sentiment, comme si je trainais un virus avec moi.
Mais non, l'intégration des Italiens dans le coeur lumineux de la métropole de France n'est que la conséquence d'une chaîne de malentendus. Par exemple si Rosetta* pénètre dans un squat parisien de la rue Rivoli et s'exclame "Ma, e troppo carino !" devant les yeux ravis du gars qui a peint le truc et dont l'universalité de l'art s'élève puis s'abaisse jusqu'à plaire en un même mouvement à un représentant de la mairie de Paris et à une petite italienne venue des Pouilles. Si le représentant de la mairie de Paris aime ça, c'est parce qu'il est snob -sinon il ne serait pas représentant de la mairie de Paris- et qu'au fond c'est son boulot de s'esclaffer devant ce genre de trucs. En revanche, si l'Italienne trouve ça sympa, c'est justement parce que ça n'a pas l'air sérieux. Ca contraste avec ce monde dans lequel elle s'est immiscée en général pour chercher du travail et faire des sous. Alors ça lui rend service de voir quelqu'un qui fait n'importe quoi sans se soucier du résultat. et puis ça lui rappelle Giorgio*, l'idiot du village qui passe ses journées à faire des collages avec tout ce qu'il ramasse dans la rue et qui vit d'une petite pension que lui verse sa mère. Mais Giorgio tout le monde l'aime bien là-bas. Il ne viendrait à l'esprit de personne de lui dire que ce qu'il fait est moche. Ainsi va la vie des Italiens à Paris de petites hypocirisies en gros malentendus. Il suffit pour se faire bien voir d'entamer une syncope en chaque coin de rue en hurlant "Ma, e troppo carino...", pourquoi se priver ? On finit si facilement par y croire.
*Les prénoms ont été changés.


Voir aussi : http://spqrxx.blogspot.com/2010/09/et-par-dela-le-saint-bernard.html

mardi 4 octobre 2011

Voilà du boudin ! La presse alternative entre la culture d’émancipation et les chemins de l’utopie

Le programme du colloque de Lyon 19-20-21 janvier 2012 :
Cette presse, souvent qualifiée d’ « alternative », de « progressiste », ou d’ « utopiste », nous intéresse quand elle porte des valeurs d’émancipation et de progrès social, ou quand elle s’oppose aux divers mouvements réactionnaires des XXe et XXIe siècles.

La réponse des organisateurs :
"Bonjour, Merci pour votre proposition. Nous avons essayé de maintenir un équilibre entre les propositions relatives à certains journaux et les propositions traitant d'aspects particulier de la presse alternative : évolutions, liens avec des contextes politiques, dimensions internationale, etc.
Nous espérons cependant que vous serez présent et participerez aux échanges, pour faire connaître votre démarche. Bien cordialement Joëlle Le Marec"

En fait "merci pour les propositions" signifie textuellement "non merci" quelle perversité du langage.

"pour faire connaître votre démarche" Les gens sont assez perdus en ce moment, quand les institutions ne fonctionnent plus, rien ne prend le relais pas même ces abrutis d'organisateurs de colloque, en plus je n'ai pas envie de présenter ma démarche : je ne suis pas vendeur de casseroles, j'avais envie de parler et qu'on m'écoute, pour une fois.

Peut être qu'ils voulaient de la presse plus visiblement située dans des "évolutions, en liens avec des contextes politiques, une dimensions internationale, etc. " qui permette de saisir les "divers mouvements réactionnaires des XXe et XXIe siècles" ?

voir aussi : http://spqrxx.blogspot.com/2011/05/tiens-voici-encore-du-boudin-de-chatte.html
http://spqrxx.blogspot.com/2011/05/voila-du-boudin.html
http://spqrxx.blogspot.com/2011/05/voici-du-boudin-2-minuit-paris-encore.html

dimanche 2 octobre 2011

Poètes et musiciens X

Il est un air pour qui je donnerais tout Rossini, tout Mozart et tout Weber. Un air très vieux, languissant et funèbre, qui pour moi seul a des charmes secrets! Or, chaque fois que je viens à l'entendre, de deux cents ans mon âme rajeunit...C'est sous Louis treize, et je crois voir s'étendre un coteau vert, que le couchant jaunit, puis un château de brique à coins de pierre aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, ceint de grands parcs, avec une rivière baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs, puis une dame à sa haute fenêtre, blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, que dans une autre existence peut-être, j'ai déjà vue...et dont je me souviens!

Gérard
Voir aussi : http://spqrxx.blogspot.com/2010/10/nerval.html

samedi 1 octobre 2011

Merde au bonheur, ou flûte alors !

"La flûte va mieux -va mieux avec le petit cheval. Le piano c'est récent, c'est une invention récente, comme la lecture ou le bonheur. Il n'y a pas toujours eu des pianos, des livres ou du bonheur dans le monde. Il y a toujours eu des chevaux, des fées et du vent dans les roseaux, toujours, dès le début, dès la naissance de Dieu dans les steppes d'Asie, dans les forêts géantes et sur l'eau verte des lacs."

Le conte parle d'une enfant. L'enfant fait du cheval et du piano. Bientôt il abandonne la piano pour la flûte. Mon attention a d'abord été captée par cette histoire de flûte.Pour moi faire de la musique constitue une activité profondément triste. Tous ces efforts pour finalement jouer un air qui n'est pas le vôtre car il est de Mozart ou Haendel ou alors jouer des airs traditionnels improviser sur des ritournelles passées au tamis des générations, mais ce sont les arbres pas les hommes qui ont des racines. Alors inventer un air ? Un air parmi les milliers de choses qu'il serait possible d'incarner tour à tour ou en même temps, condamnés à être cet air-là vraiment jouer de la musique est une déchirure et ceux qui trouvent ça trop cool sont ou médiocres ou idiots.
Alors je ne pense pas que Christian Bobin, l'auteur de la nouvelle veut avant tout dénoncer la tyrannie du bonheur, ce droit inventé pour l'indépendance des Etats-Unis en 1776 et qu'il la dénonce en musique ou à travers la musique.
Renaud, le chanteur, opère la même démarche quelques années auparavant.
Ces quelques mots : "...le bonheur qui est affaire de médiocre" m'étaient restés dans l'oreille.
Je ne savais pas qu'ils provenaient de cette chanson ou R. Séchan, comme un de ses pères symboliqes, Serge Gainsbourg dénonce les méfaits de la poudre blanche.



Alors j'ai compris tout de suite que comme Christian Bobin, ce n'était pas l'héroïne qui avait tué son héroïne mais cette autre drogue : le bonheur.
Oui, les jeunes gens veulent à tout prix être heureux...
à en mourir, sans savoir ce qu'est ce bonheur qu'ils recherchent.
On pourrait épiloguer sans fin sur ce bonheur. Que serait-il si ce n'était pas le bonheur ? La recherche du non-bonheur ne serait-elle pas finalement aussi le bonheur ?
Ecoutons plutôt le poète :

Moi j'aime le soleil
Tout autant que la pluie
Et quand je me réveille
Et que je suis en vie
C'est tout ce qui m'importe
Bien plus que le bonheur
Cette affaire de médiocre
Et qui use le cœur

On savourera aussi ce jeu de toponymes symboliques :
P'tite conne tu rêvais de Byzance
Et c'était la Pologne jusque dans tes silences.

Alain Juppé annonce le fédéralisme européen - Georges Freche

La marche arrière est une invention sans avenir.


Une nouvelle absolument incroyable.

Voir aussi : http://spqrxx.blogspot.com/2011/09/ambulance-grecque.html
http://spqrxx.blogspot.com/2010/10/disparition-de-georges-freche-le.html
http://spqrxx.blogspot.com/2011/09/ambulance-grecque.html