Cette vidéo est le parfait exemple d'un énoncé terminologique hypersignfiant qui perturbe l'usage social et spatial du monde chez le parisien. Ici, il s'agit de "situer" Cioran, mais on trouve souvent des phrases dans la presse qui sont saturées en toponymes et en anthroponymes et apportent des informations dignes d'un GPS. Par exemple :
"Pour assister à la cérémonie de remise des prix Romy Schneider, suicidée 11, rue Barbet de Jouy dans le 7e arrondissement, et Patrick Dewaere, suicidé 25, impasse du Moulin-Vert à Paris 14e arrondissement, récompensant deux jeunes espoirs du cinéma français, de nombreuses personnalités ont investi Le Bon Marché, 24 - Rue de Sèvres, 75007 Paris 7eme"
Autre exemple tiré d'une critique sur Blaise Cendrars :
"Lorsqu'il rencontra Raymone, le 26 octobre 1917, l'échange des adresses a peut être convaincu Blaise qu'il avait rencontré la femme de son mythe. Elle habitait 17, rue Mont-Doré, Paris, 17e".
C'est proprement débilitant, c'est plus une ville, c'est un radar. Quand on songe que certains prétendent y mener une vie sentimentale, on peut nourrir certains doutes au sujet de leur psychologie.
Il se trouve que j'ai moi même pendant un an durant habité Paris, à quelque pas de la rue Mont-Dorée, en plus. Dans une chambre de bonne digne de celle de Cioran, privée d'électricité et de meubles, je m'éclairais à la bougie.
Comme disait le monsieur de l'agence de location : "la beauté de la vue compense l’exiguïté de la chambrette" :
Sur la dernière photo on voit la nuit qui tombe, en ce petit mois de novembre pluvieux et dégelasse. Étrangement, les fenêtres des chambrettes d'en face, où pourrissent les petits Cioran insomniaques ne sont pas encore allumées.
SA
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