"La flûte va mieux -va mieux avec le petit cheval. Le piano c'est récent, c'est une invention récente, comme la lecture ou le bonheur. Il n'y a pas toujours eu des pianos, des livres ou du bonheur dans le monde. Il y a toujours eu des chevaux, des fées et du vent dans les roseaux, toujours, dès le début, dès la naissance de Dieu dans les steppes d'Asie, dans les forêts géantes et sur l'eau verte des lacs."
Le conte parle d'une enfant. L'enfant fait du cheval et du piano. Bientôt il abandonne la piano pour la flûte. Mon attention a d'abord été captée par cette histoire de flûte.Pour moi faire de la musique constitue une activité profondément triste. Tous ces efforts pour finalement jouer un air qui n'est pas le vôtre car il est de Mozart ou Haendel ou alors jouer des airs traditionnels improviser sur des ritournelles passées au tamis des générations, mais ce sont les arbres pas les hommes qui ont des racines. Alors inventer un air ? Un air parmi les milliers de choses qu'il serait possible d'incarner tour à tour ou en même temps, condamnés à être cet air-là vraiment jouer de la musique est une déchirure et ceux qui trouvent ça trop cool sont ou médiocres ou idiots.
Alors je ne pense pas que Christian Bobin, l'auteur de la nouvelle veut avant tout dénoncer la tyrannie du bonheur, ce droit inventé pour l'indépendance des Etats-Unis en 1776 et qu'il la dénonce en musique ou à travers la musique.
Renaud, le chanteur, opère la même démarche quelques années auparavant.
Ces quelques mots : "...le bonheur qui est affaire de médiocre" m'étaient restés dans l'oreille.
Je ne savais pas qu'ils provenaient de cette chanson ou R. Séchan, comme un de ses pères symboliqes, Serge Gainsbourg dénonce les méfaits de la poudre blanche.
Alors j'ai compris tout de suite que comme Christian Bobin, ce n'était pas l'héroïne qui avait tué son héroïne mais cette autre drogue : le bonheur.
Oui, les jeunes gens veulent à tout prix être heureux...
à en mourir, sans savoir ce qu'est ce bonheur qu'ils recherchent.
On pourrait épiloguer sans fin sur ce bonheur. Que serait-il si ce n'était pas le bonheur ? La recherche du non-bonheur ne serait-elle pas finalement aussi le bonheur ?
Ecoutons plutôt le poète :
Moi j'aime le soleil
Tout autant que la pluie
Et quand je me réveille
Et que je suis en vie
C'est tout ce qui m'importe
Bien plus que le bonheur
Cette affaire de médiocre
Et qui use le cœur
On savourera aussi ce jeu de toponymes symboliques :
P'tite conne tu rêvais de Byzance
Et c'était la Pologne jusque dans tes silences.
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