Sous la caméra de Blaise Cendrars, qui est monté sur le tender pour faire son plan, Ivy Close, la petite machiniste anglaise de la Roue salue Abel Gance son réalisateur français préféré.
"La Roue", Abel Gance, 1923
"Le mécanicien-chef Sisif recueille une petite orpheline à la suite d'une catastrophe de chemin de fer. Elle s'appelle Norma et est élevée avec Élie, le fils de Sisif. Peu à peu Sisif se sent pris d'une passion pour sa fille adoptive. Il devient alcoolique, ombrageux, soupçonneux, violent. Norma séduit un ingénieur des chemins de fer, Monsieur de Hersan qui menace Sisif d'un chantage s'il ne consent pas à lui donner Norma. Celui-ci se résigne mais, en conduisant le train qui emmène la jeune femme vers son futur mari, souhaite mourir avec elle. Grâce à son chauffeur, l'accident est évité. Sisif reporte son amour sur la locomotive. Un jet de vapeur brûle les yeux de Sisif qui est muté au service du funiculaire du Mont-Blanc. Élie suit son père. Plus tard, Norma venue passer des vacances à Chamonix avec son mari retrouve son compagnon d'autrefois. Les deux jeunes gens découvrent leur amour réciproque. Hersan, jaloux, se bat avec Élie en montagne. Leur chute les tue l'un et l'autre. Sisif reste vieux et solitaire, tributaire de son travail monotone. Il voit revenir vers lui Norma, seule aussi et pauvre, qui va veiller sur ses derniers jours".
Après Gance, Renoir se met aussi à filmer des trains. "La bête humaine", 1938 :
"La Bête humaine, c'est la "Lison", un monstre de fer, d'acier et de cuivre, une locomotive à vapeur dont le machiniste, Jacques Lantier, est en proie à la folie homicide. Ce dernier ne se trouve bien qu'en compagnie de son chauffeur Pecqueux, sur sa locomotive. Pour son malheur, il rencontre Séverine dont le mari, chef de gare du Havre, vient d'assassiner Grandmorin, le parrain de la jeune femme à qui elle avait cédé. Lantier tue Séverine dans une crise de démence et se suicide"
"A l’initiative du Comité d’établissement des cheminots de la région PACA dans le cadre de son action culturelle, ce long-métrage interroge l’histoire de l’entreprise et de ses valeurs. Un train entre en gare de La Ciotat. Le berceau du cinéma est le point de départ d’un voyage à la rencontre de celles et ceux qui travaillent quotidiennement à «faire le train». Au fil des rencontres avec les cheminots, l’évidence se révèle : le train a structuré un réseau, une communauté et un territoire. Le train est porteur d’une certaine vision du «travailler et vivre ensemble». Le train fait société. Mais aujourd’hui, à l’heure de la libéralisation économique et de l’ouverture à la concurrence, le réseau est divisé, les services et les métiers sont séparés. A la fin du film, le Grand Résistant Raymond Aubrac souligne que la résistance face au recul progressif du Service public est l’affaire de la société toute entière.
Trois films, trois relations passionnées autant que monstrueuses entre le cinéma et le chemin de fer français. Cette fascination pour l'acier est peut être à l'origine même du cinéma français ? Ricciotto Canudo dit en 1914 : "La théorie du septième art, telle que, pour la première fois, je pus l'exposer au Quartier Latin, il y a trois ans, a gagné le terrain de toutes les logiques et se répand dans le monde entier. Dans la confusion totale des genres et des idées, elle a apporté une précision de source retrouvée".
Cette source retrouvée dont il parle, c'est surement de filmer les ingénieurs et les infrastructures de transport qu'ils conçoivent. 100 ans plus tard, Sébastien Jousse continue ce travail en donnant la parole à Raymond Aubrac, un ingénieur très résistant de l'école des ponts et chaussés qui dit, en substance : "En faisant sauter nos voies ferrées, en 44, nous savions que nous arrêtions le flux vital de la circulation qui maintenait la France en vie grâce au chemin de fer et qu'il faudrait tout reconstruire après".....Mais, en même temps, peut-on deviner dans les yeux de l'ingénieur combatif : "nous ne savions vraiment pas quoi faire sauter d'autre".
SA
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