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vendredi 19 août 2011

De Roxane à Jean Claude Vandame : quelle psychologie pour quelle communauté subjective ?


La carte ci-dessus de C. Vandermotten, simplifiée par son disciple F. Dobruszkes, représente un aboutissement de la géographie belge parce qu'elle explique, entre autre, pourquoi les français sont cons.
Chacun des figurés de la cartes, de "métropolitain" à "périphérique", représente le profil d'une économie régionale. Parce que les sciences sociales se rapprochent des sciences cognitives, ces régions économiques sont aussi des "communautés subjectives" disposant chacune d'un "destin commun", projection de la psychologie de leurs habitants. 

A tout seigneur tout honneur, Paris. La grosse tache noire de la carte représente l'espace économique "métropolitain". Ce dernier est un espace global hyper-connectif dont l'économie est prioritairement  relationnelle et informationnelle. Au sein de telles villes, la mobilité, la co-présence et la télécommunication s'exacerbent mutuellement.  

 Parisienne en train de fabriquer du miel économico-cérébral à partir d'une interaction amoureuse
      
Les citadins de la métropole globale s'accordent en genre et en nombre : les interactions amoureuses sont étroitement associées à l'organisation social du travail pour produire de la valeur. En témoigne Roxane (photo ci-dessus), dont le regard buté, scrutateur, la mâchoire prononcée et volontaire, montre bien les effets d'une intense transmission télé-émotionnelle d'informations amoureuses, dont la conséquence est l'élaboration d'une masse économico-cérébrale, sur laquelle repose le destin commun métropolitain. 

En France, une étroite alternative possible à la métropolisation parisienne est représentée par les espaces sub-centraux. Il s'agit  d'économies autrefois centrales, à une époque pré-globale, et présentement effondrées. Ce sont des espaces psychologiques névrosés (Lorraine, Pas-de-Calais, nord de l'Angleterre,Wallonie) où l'abondance infra-structurelle et matérielle est réelle, bien qu'un peu rouillée, mais où l'espace social est de moins en moins interactionel, de plus en plus cognitivement figé. Il en résulte une forte obsession mentale à maintenir opérationnelle la chaîne d'approvisionnement, autrement dit de remplir les placards de la cuisine, au détriment d'une intelligence plus vive, dépendante de la distance à l'autre et de l'instant. Le matériel et l'efficacité opératoire sont là pour compenser la faiblesse de l'environnement social. 

Portrait du provincial type, "sub-central" ou "intermédiaire", qui compense son manque de capacité relationnelle par de la logistique embarquée dans une perspective opératoire de désenclavement. 
Le cyborg, parfaitement incarné par Jean Claude Vandame (honneur aux Belges), représente l'évolution la plus aboutie du provincial. Une communauté de chercheurs laborantins, connectés au "web of science", produisent de l'intelligence de synthèse, laquelle est distribuée, via des opération logistique "embarquée", vers les habitants d'espaces sub-centraux en crise, dont l'appartenance à la communauté subjective est plus lâche, et la clairvoyance du destin commun plus floue. 

Le citadin métropolitain (Roxane ou Cyrano) est davantage exposé que les provinciaux (les cyborgs) aux mutations socio-économiques engendrées par la concurrence entre aires métropolitaines (les taches noires de la cartes). La forte vulnérabilité du discours parisien, amoureux ou capitaliste, a pour conséquence de voir se démultiplier la production de figements cognitifs, comme si, une nouvelle fois, l'automatisme des procédés de fabrications, aussi sophistiqués soient-ils, pouvait compenser une langue battue en brèche dans sa primatie. Il fait peu de doutes que les parisiens ont une psychologie perturbée par le leadership londonien sur le monde global, certains analystes anglais vont même jusqu'à prévoir l'annexion prochaine de Paris par Londres. Paris serait rebaptisé "Parlon".

Si les marges de la centralité sont soumises à un certain jeu qui rend difficile la distinction entre ce qui est vivant et surgelé, la géographie économique de la France ne fait pas dans la nuance. En effet, la carte présentée ci-haut montre un passage brutal de l'espace hyper-connectif francilien aux espace "intermédiaires" profondément enclavés, non plus faute d'infrastructures, car on s'est appliqué à construire des routes partout, mais, davantage, isolés psychologiquement par un déficit de co-présence induit par une hyper-mobilité physique engendrée par un aménagement du territoire décentralisateur. Les petites bourgeoisies bêtement snobs et consanguines d'une province encore féodale, gagnent-elles en intelligence une fois désenclavées, à errer sur les routes départementales comme des poissons au fil de l'eau ?

Bourgeois de province dont la co-présence incestueuse se voit perturbée par la mobilité induite par un désenclavement décentralisé
En France, contrairement à l'Allemagne, l'Italie, la Flandre, il existe peu d'espaces "centraux" (Lyon en serait un, du fait de ses liens avec l'Italie, de même que l'Alsace avec l'Allemagne). Un espace économique central peut, peut être, se définir comme une économie urbaine très élaborée, mais pas directement reliée à la globalisation et donc pas exclusivement dépendante de cette dernière. Selon Henri Pirenne (historien belge fondateur de l'histoire urbaine à la fac de Gand), ces villes flamandes, allemandes et Italiennes, qui furent les plus importantes du Moyen age, auraient conservé des fonctions relationnelles "capillaires", une certaine culture urbaine héritée de leur longue histoire commerçante. Par exemple, Braudel qualifie Gênes au 16e de "lourde masse historique et monumentale, pôle actif d'un capitalisme précoce et envahissant". Ce même capitalisme qui a fait passer les cités centrales d'hier à un plan secondaire aujourd'hui, alors que les monstres métropolitains, du genre de Paris, n'auront toujours fait que croître.

On peut poser la question d'une capillarité culturelle parisienne qui serait légitimé par une longue histoire urbaine. Ne serait-ce pas une illusion? Si les espaces "centraux" de type italiens sont des régions urbaines polycentriques "structurées", Paris est t'il une région métropolitaine ? Si ce n'est pas le cas, le "petit centre splendide" de Michael Storper, est alors détenteur d'une culture symbolique adressée aux banlieues incultes, aptes à jouer leur rôle de plèbe, ce qui n'est pas le moindre inconvénient, humainement parlant, de ce type d'organisation. 


En conclusion, et si croissance & décroissance, n'étaient que des tentatives de piloter des organisations économico-psyco-sociales françaises dont la trajectoire est aléatoire ? Puisqu'il n'existe aucun tissus économique structuré en province, et vraisemblablement pas en île de France non plus, pourquoi ne pas encourager la conversion des espaces français provinciaux depuis les espaces centraux européens, c'est à dire de considérer le territoire aménagé depuis ses frontières ? 



SA
Voir aussi :
http://spqrxx.blogspot.com/2011/09/la-province-desenclavee-par.html
http://spqrxx.blogspot.com/2011/08/un-americain-fait-scandale-paris-une.html
http://spqrxx.blogspot.com/2011/08/vous-non-plus-vous-nhabitez-pas-orleans.html





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