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jeudi 18 août 2011

Italo Calvino et la communauté subjective.

Sous les murs rouges de Paris s'était déployée l'armée de France : Charlemagne devait passer les paladins en revue. Ils attendaient depuis trois grandes heures dans la touffeur d'un après-midi d'été, un peu couvert, nuageux, on mitonnait ans les cuirasses...

Ainsi débute "Le Chevalier inexistant" d'Italo Calvino.
La scène donc, on ne peut rien vous cacher prend vie à Paris, sous ses murs rouges, exactement.
Ce n'est pas du Paris historique, ni même mythique dont il est ici question, mais d'un Paris générique auquel Calvino a recours en bon oulipien.
Vous savez c'est ce Paris auquel on fait référence quand on demande à un décorateur de faire "petit Paris", par exemple, c'est ce qu'évoque le mot Paris, comme le ferait , c'est l'ensemble de l'imaginaire agrégeable autour du dit mot.
C'est ce que vous entendriez, ou plutôt pas forcément vous, mais eux lecteurs lambdas italiens lorsque leur dit "Parigi". Certains répondent  "Jean Louis David."
Plus personne ne prétend plus que ça ait un quelconque lien avec la réalité, mais immanquablement, ça la devient, et c'est ça le problème.

C'est la même chose avec la nationalisme. En tout logique, la nation c'est ce que nos amis Québécois appellent la communauté subjective, l'ensemble de personnes qui se reconnaît ou plutôt se reconnaîtrait, car cela reste théorique dans une communauté de personnes, en raison de critères subjectifs, par exemple, comme au Québec, parce que que l'on y soit Québécois de souche, sans papier du grand nord, ou maghrébin de France, on y parle Français...
C'est ça la nation, c'est donc finalement ce qui se rapproche le plus de l'idée d'universalisme et de droits de l'homme, en ce moment.
Or la nation n'a pas la côte. La nation, c'est pour les racistes, pensent les gauchistes.
Les gauchistes en viennent donc à proposer des concepts de territoires, bien plus éloignés de la défense du service public que l'idée de nation. On en vient donc à préférer une taxation CO2 au kilomètre parcouru. Ainsi on peut manger des fraises espagnoles pour moins cher à Biarritz qu'à Paris, à une taxation nationale ou européenne.
A ce moment il n'y plus qu'une vieille trotkiste pour signaler que l'idée qu'on paie un melon plus cher à Lille qu'à Marseille la choque. On lui rit au nez.
Ce qui s'oppose à la nation, c'est la patrie, c'est-à-dire l'ensemble des caractères qui font que des personnes nées sur ou habitant un territoire se reconnaissent d'ici plutôt que de là-bas. Je suis loin d'être contre, mais admettons que la patrie se situe dans le paradigme du terroir, de la terre, de ce qu'on appelait avant sans le moindre implicite la race auvergnate, ou lorraine, race qui n'ont rien de génétiques, mais que l'on pensait déterminée par le climat, la nourriture, le patois...
Au contraire, la nation ouvre la paradigme de l'universalisme, des Lumières, du progrès humain. La nation est évidemment de gauche.
Or, ce n'est pas qu'une histoire de mot. Si les gauchistes défendent le territoire plutôt que la nation, c'est qu'il sont peur du mot, pas de la chose. Ou qu'en ayant peur d'un mot détourné, ils finissent par rejeter une idée qui elle est toujours la même ou n'a pas en tout cas de remplaçante.

Ainsi, une fois de plus, la vision des alternatifs de gauche est inspirée en droite ligne de leur phobie du Front National.
Comme dit un ami, voilà une bonne raison pour parler de communauté subjective plutôt que de nation, pcqu'au moins les gars du FN ne sont pas en mesure de comprendre de quoi il s'agit. Mais jouer comme ça, avec les mots à saute-moutons est fatigant.

Quant à Paris, l'ennui c'est qu'il s'agit aussi et avant tout, pour nous franciliens en tout cas, d'une place réelle. Or il est interdit d'en faire autre chose qu'une plage de cocotiers. Une plage de cocotiers avec du sable blanc, en vérité ça n'existe pas, mais c'est très facile à faire avec Photoshop. Or, d'une certaine manière, les Parisiens photoshopent leur ville du matin au soir, mais pour de vrai ! Et les banlieusards n'ont plus que les mains pour se cacher les yeux en voyant ça.
Les choses sont d'abord des mots, certes, mais quand la chose et le mot fusionnent, c'est souvent pur le pire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est très juste, mais c'est curieux de penser qu'avoir une activité trotskiste, aujourd'hui, consiste surtout à comparer le prix des primeurs entre différentes villes du territoire aménagé. Comment a t'on bien pu en arriver là ?