mercredi 30 novembre 2011
Cartogramme de la ville globale
Dans les années 70, l'Ecole Française de Rome investit dans un programme expérimental top secret dont l'objectif était de faire travailler des historiens sur des questions économiques et sociales contemporaines. Quelques historiens de la Renaissance furent recrutés dans la plus grande discrétion avec comme consigne de résoudre les grandes questions urbaines qui agitaient alors l’intelligentsia mondiale. Rapidement, il se révéla que l'Italie du sud était le terrain le plus favorable à l'exercice de cette nouvelle science. Terrain vierge en sciences sociales, incompréhensible et répulsif pour les italiens eux même, où les réseaux de l'Ecole française, dédiés aux archéologues, pouvaient être utilisé à des fins beaucoup plus actuelles. Naples devint le centre principal de cette recherche et fut considéré comme un laboratoire de l'urbanisation contemporaine. Ce programme permit la traduction de concepts urbains originaux, de l'Italien vers le Français. D'autres outils furent forgés de manière inédite, puis discrètement intégrés dans la langue française, sans que personne ne se rende compte de rien.
Les résultats furent mitigés. Si l'Italie devint progressivement de plus en plus familière aux scientifiques français, c'était le fruit d'un travail de traduction ésotérique et non pas d'une prise de conscience...non pas franche, car Naples était, en quelque sorte, une zone franche, mais disons, vulgaire. L'Italie n'était pas devenue une "évidence". Bien que fécond, ces travaux franco-italiens n'ont pas produit des représentations à la mesure du champ et de la liberté considérable dont ces scientifiques d'élites disposaient. Il en a résulté une approche urbaine relativement occulte, victime de la semi-clandestinité qui frappait ces recherches. Il a fallu attendre d'autres travaux, venus d'ailleurs, pour que le point de vue sur la ville change radicalement, les deux cartes présentés ci-dessus et dessous, qui datent des années 2000, en sont des exemples.
La carte ci-dessous présente des Etats dont la surface est proportionnelle à l'importance des villes globales qu'ils abritent (cf. carte ci en haut), et dont la forme varie en fonction de l'éloignement des villes globales entre elles. Ainsi, l'Italie apparaît à l'échelle mondiale comme particulièrement visible et anormalement hypertrophiée. Cela du fait de l'importance de Milan, et de l'éloignement entre Milan et Rome de 486 km. (Ces cartes datent de 2000, si elles étaient réactualisées en 2010, l’Espagne, avec Madrid et Barcelone distants de 500 km, apparaîtrait agrandie de la même manière).
Le "stock" d'informations disponibles au sein d'une ville est la mesure exacte de l'importance des échanges d'informations entre cette ville et toutes les autres villes du monde. De même que les agriculteurs considèrent la Surface Agricole Utile, en science sociale, il est possible de dire que c'est la quantification des "informations" qui naissent des interactions sociales et économiques entre les citadins d'ici et d’ailleurs, qui permet de mesurer la Surface Economique Utile d'un Etat. A ce niveau, l'Italie est très importante.
Source des cartes : http://www.lboro.ac.uk/gawc/rb/rb31.html
Les informations présentées dans ce texte à propos de l'école française de Rome n'engagent que leur auteur.
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