dimanche 26 décembre 2010
Classé X
Serge Gainsboug : Russe
Anna Karina : Danoise
Jean-Luc Godard : Suisse
Fassbinder : Allemand
Quand j'écoute çà, mon souffle se fait plus ample, mon rythme cardiaque aussi. Sont-ce ces yeux blancs, blanc d'un blanc laiteux de voie lactée, ce sourire qui sait ce qu'il ne sait pas, le contraste avec ce nez de boxer Ouzbek et cette bouche à clope ?
Est-ce encore cette algérienne,
Zahia...
un nom commun paraît-il
rencontrée à Paris alors que j'aspergeais la populace de prospectus et qu'elle distribuait des journaux gratuits, aux Halles. Son travail accompli - les journaux se distribuent plus vite que la pub- elle ramassa les prospectus à terre avant de me saluer. Je me levai à 4h pour l'admirer distribuer derechef ses journaux dès le premier train lui offrir un chocolat et l'entreprendre de la manière suivante : " Tu sais que tu ressembles à Anna Karina, toi ? "
Zahia dont je n'ai conservé que la petite culotte, vert ou verte amande, aux bords ourlés de dentelles, subtilisée encore .... ?
C'est cela, mais pas vraiment ...
Est-ce de les écouter faire semblant, l'un et l'autre pensant à toute autre chose qu'à ce rien dont ils prétendent goûter le nectar jusqu'à la lie ? A quoi pensent-ils ?
Au cinéma...
La jeune chatte aux yeux de turquoise a-t-elle déjà en tête les bras chaud du réalisateur entre lesquels ces derniers - les yeux- ils se régénèreront, pour apparaître - avec ce style propre à Anna Karina consistant à minauder sans minauder c'est-à-dire avec l'ensemble du visage, mais sans cligner des paupières - resplendissant, sans rimmel, resplendir face caméra, tout en technicolor !
Et lui ?
lui ...
Ah lui ...
C'est autre chose encore, et ça ne l'est pourtant pas ...
lui observe, parce qu'il n'a rien à voir là-dedans, si ce n'est comme auteur du drame, sa virilité ne pouvant être mise en doute : il observe...
Il observe les ébats contrariés des deux plus grands cinéastes du XXème siècle rive gauche et droite du Rhin, dans cette cité faite du métissage autant que du monnayage de gloires individuelles.
Serge Gainsboug : Russe
Anna Karina : Danoise
Jean-Luc Godard : Suisse
Fassbinder : Allemand
Et oui, Serge, que la chanson ennuyait déjà, envisage ici sa reconversion en tournant un strip porno sur fond de cinéastes, - j'ai nommé Jean-Luc Godard, pape de la Nouvelle Vague Française, de son disciple allemand Reiner Weiner Fassbinder -apôtre du phénomène analogue teuton- en train de s'interpénétrer culturellement à qui-mieux-mieux, avec la ligne Maginot pour décor.
Vous ne vous êtes alors, je le déduis, jamais vu alors administrer une séance du Mépris suivi de Prenez garde à la sainte Putain, en allemand :Warnung vor einer heiligen Nutte ?
La vision vision habituelle sadomasochiste des rapports humains selon Fassbinder, croise ainsi, le regard aseptisé de l'Helvète propre des doigts de pieds jusqu'au compte en banque, rejoignant une tradition prenant source dans les promenades du plus suisse des dormeurs du Panthéon, le bien-nommé Jean-Jacques, en passant par Nicolas Bouvier dont les 1616 pages de sa correspondance avec Thierry Vernet viennent de sortir.
Oui, Godard est Suisse, si l'on ne sait pas çà, on ne comprend rien à Paris : parce que Paris c'est Godard : son regard sur le Luxembourg, ses escapades, avortées, en banlieue. Rousseau aussi est suisse et a son mot à dire sur Paris, Bouvier d'après ce j'en connais, échappe pour sa part au parisianisme.
En ce qui concerne Fassbinder, je ne sais pas s'il se masturbait fréquemment les méninges à Paris, mais c'est tout comme et venons en maintenant à son film, sachant que Le Mépris de Godard a été tourné à Capri, dans la Villa Malaparte, que tout le monde a vu le film, qu'il est tard, que j'ai une platine vinyle à réparer, que ce post se fait long, et qu'il ne faudrait pas pousser mémé dans les orties, ça suffira pour Le Mépris. En ce qui concerne Fassbinder c'est moins connu, alors j'explique :
Prenez garde à la sainte putain, s'intéresse, tout comme le film de Godard, au tournage d'un film. La scène se passe en Espagne mais les hélicoptères viennent d'Ischia : île voisine de Capri où se déroule le tournage du Mépris. Si Eddie Constantine frappe une actrice, c'est parce que dans le film de Godard, Michel Piccoli aurait caressé la joue de Brigitte Bardot, si les personnages sont si invertis chez Fassbinder, c'est qu'ils sont si indécrotablement droit dans leurs bottes dans le Mépris.
Bizarre, tout de même que les gens ne voient pas çà au premier coup d'oeil en général - je parle des critiques, pas lu une seule critique sur le sujet- alors qu'il n'y a que çà à voir dans ce film : ce gros hélicoptère venant en provenance de la baie de Naples, tentant, sans succès, de déposer, telle la fée clochette, déposer sa poudre de perlimpinpin, apprendre à la troupe de Fassbinder à voler de leurs propres ailes comme BB se crachant dans l'Alfa Roméo, en compagnie de son producteur.
G-A
Post précédents sur Fassbinder :
http://spqrxx.blogspot.com/2010/10/cinema-allemand-et-amour-2.html
http://spqrxx.blogspot.com/2010/10/cinema-allemand-et-relation-amoureuse.html
http://spqrxx.blogspot.com/2010/09/je-viens-dapprendre-la-mort-de.html
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