Terminée l'époque où un coin de banlieue pouvait prétendre à un isolement comparable à celui d'un monastère du Tibet libre avant l'invasion chinoise.
Voyez, moi-même qui habite -paraît-il- l'ancienne chambre d'Alphonse Daudet à Champrosay pour l'été, je reçois de mon moulin des dépêches de l'Europe, voire un monde entier.
Voici par exemple ce que m'envoie un collègue français résidant en Allemagne :
"Suis totalement déprimé. J'écris à un prof de Dijon. Je reçois ça :
Bonjour depuis Kanazawa, Japon.
Je suis actuellement en mission en Asie, retour à Manille, Philippines ce lundi, et en France le 18 août.
Recontactez-moi après le 18 août.
"Non ne posso proprio piu"-ajoute ce collègue-
Y a un problème de distance en France."
"Voilà un bel exemple du snobisme qu'entraîne le déplacement dans notre beau pays" lui réponds-je, tandis que mes pommes de terre bouillent dans mon moulin.
Ce professeur en effet une écriture lapidaire pour accoucher d'une prétérition : "Je répons que je n'ai pas le temps de répondre." Prétérition à l'intérieur de laquelle il insère des éléments propres à exaleter le déplacement et sa propre personne, objet du déplacement. Passe encore le fait qu'il se dise en mission, si les professeurs d'Université ne peuvent plus se prendre pour Indiana Johns ou 007, où va t-on ? Mais pourquoi préciser qu'il sera au Philippines, ce lundi, où il n'aura pas plus le temps de répondre, s'il demande de toute façon question de qu'on ne le recontacte qu'une fois le contact avec la mère-patrie retrouvé le 18 août ? Le monsieur en question est tellement surchargé de messages qu'il demande qu'on lui en envoie encore un supplémentaire après le 18 août, afin qu'il puisse s'y retrouver. Hors de question de mettre un signet fut-il numérique afin de prendre le temps de répondre à son retour.
Il faut donc admettre qu'un professeur, reconnu comme tel, et donc certainement d'un certain âge, éprouve le besoin de se faire mousser auprès d'un étudiant d'un trentaine d'années qui n'en peut mais, et sans même que ce dernier appartienne à la gent féminine. La psychologie d'un tel personnage en dit évidemment long sur l'état de l'Université française.
De mon côté, je reçois un message d'une japonaise m'indiquant que je peux venir passer la nuit avec elle, si je le désire, le 12 août, soit 6 jours avant le retour du dit-professeur, mais seulement à cette date, et à condition de m'en aller aux aurores, sur les doigts roses desquelles elle devra prendre un avion pour San-Francisco. Elle dit qu'elle est "pretty booked" tous les autres jours. A ce que j'en comprends, cela signifie qu'elle est "joliment overbookée" !
On en prend d'autres et on recommence. Eu un échange SMS avec une Florentine, hier.
La belle est passée à Paris au début du mois, régler un problème avec ses Assedics -en voilà une qui me décomplexe de toucher les miens- semblerait-il mais n'a pas eu le temps de m'appeler. Qu'à cela ne tienne elle est revenue il y a quelques jours hanter son appartement de Belleville mais a dû repartir illico, car elle a du travail en Italie. Qu'à cela ne tienne elle doit revenir fin août et me dit "Si . A bientôt."
Quel monde formidable !
G-A
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