En plein centre ville de Malte, la statue des deux amants maltais, rappelle chaque jours, de la manière la plus pédagogique possible, aux habitants de l'île, les véritables valeurs de la vie entre réussite sociale et épanouissement personnel. Ici, l'amour c'est c'est une philosophie.
Saint-Augustin, Confessions
"Je vins à Carthage, et partout autour de moi bouillait à gros bouillons la chaudière des amours honteuses. Je n'aimais pas encore, et j'aimais à aimer; dévoré du désir secret de l'amour, je m'en voulais de ne l'être pas plus encore. Comme j'aimais à aimer, je cherchais un objet à mon amour, j'avais horreur de la paix d'une voie sans embûches. Mon âme avait faim, privée qu'elle était de la nourriture de l'âme, de vous-même, mon Dieu, mais je ne sentais pas cette faim. J'étais sans appétit pour les aliments incorruptibles, non par satiété, mais plus j'en étais privé, plus j'en avais le dégoût. Et c'est pourquoi mon âme était malade et, rongée d'ulcères, se jetait hors d'elle-même, avec une misérable et ardente envie de se frotter aux créatures sensibles. Mais si ces créatures n'avaient pas une âme, à coup sûr, on ne les aimerait pis. Aimer et être aimé m'était bien plus doux, quand je jouissais du corps de l'objet aimé. Je souillais donc la source de l'amitié des ordures de la concupiscence; j'en ternissais la pureté des vapeurs infernales de la débauche. Repoussant et infâme, je brûlais dans mon extrême vanité de faire l'élégant et le mondain. Je me ruai à l'amour où je souhaitais être pris. Mon Dieu, qui m'avez fait miséricorde, de quel fiel, dans votre bonté, vous en avez arrosé pour moi la douceur ! Je fus aimé, j'en vins secrètement aux liens de la possession. "
Olalalalala.......Hier, j'ai dit à des françaises inconnues, de manière parfaitement amicale, en souriant, que je les trouvais intrusives, vulgaires et agressives...au lieu de laisser les choses aller, et se plier à la loi des corps, du vin, de la dance et de la musique. Mais c'est parce que je me posais des questions sur l'amour. Il est difficile de condamner à notre époque la sexualité libre, comme ce texte le laisse apparaître, dans sa lecture qui nous est contemporaine. Nicolas Bouvier, Henri Miller, Sartre, jean Luc Godard, les gauchistes en général, les routards, les musiciens non classiques, les anglais, les siciliens, les parisiens, les psychologues, ont tous inlassablement milité, contre ce texte, pour un anoblissement de la relation naturelle, autrefois vouée aux gens de mauvaise vie et aux artistes. Ça me fait beaucoup rire d'imaginer les partenaires d'un amour de vacance se dire qu'ils sont en train de "souiller la source de l'amitié des ordures de la concupiscence et de ternir la pureté des vapeurs infernales de la débauche". Faut pas pousser !
Mais alors quid des liens de la possession ? Peut on vraiment avoir du plaisir sans posséder l'autre dans son être entier, et se faire posséder par lui en retour ? Autrement dit, peut on dire oui sans s'abandonner ?
Certes il y a toujours abandon, de toute manière, même dans une relation de quelques brefs moments. Mais cette possession est elle pragmatique, c'est à dire sans critères de sens et de jugement, ou, au contraire est-elle poétique, c'est à dire, plus ou moins élaborée ? Elle est les deux bien sûr, mais dans ce cas, comment peut on accepter de laisser le plus souvent la poésie à un niveau 0 ? Parce que les gens ne sont pas des poètes en général ? Ou parce qu'il existe une poésie de la non poésie ?
Malgré la crise économique mondiale, les maltais abordent l'avenir cul nu et de manière particulierement à l'aise. Tant il est juste de dire que l'amour est la chose la plus forte au monde.
SA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire