Mon bureau (celui de gauche) à l'université de Gand en hiver 2010
Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours cherché à m'entourer de livres, de tas de papiers, froissés dans mes poches, mes sacs, mes chambres, mélangés à toute sorte de bric-à-brac, d'objets hors d' usage. Vers 5 ans, j'aménageais les placards de la maison avec des livres que j'empilais comme des briques pour en faire des abris de fortune à ma taille. En cours primaire à l'époque ou j'ai commencé à lire Gaston, mon aversion naturelle pour le soin, la calligraphie et le rangement de mon casier, m'ont valu de sévères remontrances de la part de mes instituteurs, ils n'ont jamais pu me faire entendre raison. A 28 ans, j'étais assistant de français en suisse allemande, j'étais le seul du lycée à fréquenter la bibliothèque de romanistique, et la responsable des professeurs du collèges des profs de français m'a reproché de mettre les livres en désordre, avec le même ton dur et blessant que je connais depuis toujours. Aujourd'hui, à 30 ans, j'ai occupé jusqu'à ce mois-ci un bureau à l'université de Gand (photo du haut).
Ce besoin de remplir mon intimité de livres, de feuilles et d'objets en désordre, est, sans doute, la traduction d'une angoisse qui se manifeste spectaculairement par une inaptitude totale de ma part au confort domestique. Mes amis peuvent témoigner de la manière spartiate dont je vis, n'ayant jamais besoin d'autre chose que d'une valise et de quelques bières. Aussi, ces mobiliers éphémères de livres ou de papiers griffonnés au stylo, outil que je n'ai jamais réussi à maitriser, tant ma main manque de précision pour écrire entre les interlignes, ce qui fait que je ne peux jamais me relire, sont des moyens de me trouver partout chez moi, car je me sens bien et apaisé quand je suis ainsi réfugié au milieu de mes impressions.
Un des moments marquant l’éveil de ma pensée et de ma conscience du monde, a été de comprendre, vers 10 ans, que les bandes dessinées francophones que je lisais quotidiennement n'étaient pas françaises, mais belges. Ces dessins, comme celui présenté ci dessus présentant Gaston en train de dormir, qui savaient si bien rendre compte de la manière dont je me protégeais de l'angoisse, mais qui contribuaient aussi à l'alimenter, étaient donc intimement attachés à Bruxelles, Anvers, Gand ou Liège...Depuis un an que je vis dans ce pays, ces villes résonnent de manière particulière chez moi, et je pourrais dire comme Nerval : cette Belgique...que dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue...et dont je me souviens....
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